Les maîtres du monde voyagent à vélo

Le vélo. Je suis devenu le maître du temps, de l’univers, même de Paris, à vélo.

Pouvoir avancer un peu plus vite que le temps, en restant à son aise. A vélo, j’ai devancé chaque instant. J’avais la roue avant qui fonçait vers le monde de la nuit, et la roue arrière qui se mêlait encore aux touristes, à la bohème des artistes, qui immortalisaient le passage d’une star inouïe, la vie, pendant que je dépassais progressivement cette femme magistrale en robe scintillante, qu’on prénommait « la Seine ».

Paris. Paris n’était alors qu’un village. On se connaissait pratiquement tous par nos prénoms. Le béton des banlieues n’avait pas encore poussé leurs habitants à traquer la beauté, la journée, et un coin de verdure.

Le vélo. Je suis devenu le maître du temps, de l’univers, même de Paris, à vélo. Paris, je connais ton architecture, comme si je t’avais moi-même fait construire sur plan. Paris, tu me connais, je te connais, comme si nous étions des amants, même des parents, à la tête d’une famille nombreuse de souvenirs.

Paris… Tu le sais, tu reçois maintenant beaucoup trop de monde à la maison. Chez nous. Chez toi. Oui, je suis parti loin de tout ça. J’ai repris mon vélo, comme depuis longtemps… Pour devancer chaque instant.  Pour devancer chaque instant.

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